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Où en est la Syrie ?

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En 2011, le régime d’Assad réprime dans le sang le soulèvement populaire syrien. L’opposition syrienne se militarise rapidement au sein de l’Armée syrienne libre, qui sera en grande partie évincée au profit de groupes islamistes. Plus de huit ans après le début de la guerre, le régime est parvenu à se maintenir, avec l’aide de ses alliés. De nouveaux enjeux émergent désormais, notamment le cas des dernières zones de résistance et le devenir politique de la Syrie.  

A l’été 2018, le régime mène l’offensive de Deraa, qui lui permet de reprendre le contrôle du sud du pays. Les zones qui échappent encore à son contrôle se situent au nord. La zone d’Al-Tanaf au Sud-Est abritant des positions américaines, le régime ne devrait pas y intervenir.

Les présidents iraniens, russe et turc, maîtres du jeu en Syrie.
Les président iranien, russe et turc, maîtres du jeu en Syrie.

La poche d’Idlib 

A la fin de l’été 2018, le régime affiche sa volonté de reprendre la poche rebelle située dans le gouvernorat d’Idlib. Mais en septembre, la Turquie et la Russie parviennent à trouver un accord pour une « zone démilitarisée » à Idlib. En effet, la Turquie souhaite éviter un nouvel afflux de réfugiés sur son sol. La Russie, alliée majeur d’Assad, met donc en suspens l’offensive loyaliste sur Idlib. En contrepartie, la Turquie s’engage à éliminer de la zone les groupes islamistes.

En janvier 2019, les djihadistes du groupe Hayat Tahrir al-Cham, ex-branche syrienne d’Al-Qaida, prennent cependant le contrôle de la province. Les alliés syriens de la Turquie dans la zone n’opposent pas une résistance farouche aux djihadistes. Le régime syrien trouve donc un prétexte idéal pour mener une nouvelle offensive, qu’il lance fin avril. Après avoir longtemps piétiné, les troupes du régime prennent en août dernier la ville stratégique de Khan Cheikhoun. Fin août, un nouvel accord russo-turc permet un cessez-le-feu. Ce cessez-le-feu très fragile a déjà connu des transgressions. Depuis un mois, les belligérants ont entamé un nouveau cycle d’affrontements. Le sort des habitants de la province dépend donc aujourd’hui des négociations entre Turquie et Russie.

Le Rojava

Le Rojava (« l’ouest » en kurde) est le territoire autonome proclamé par les Kurdes de Syrie au Nord-Est du pays. Ce territoire, où plus de la moitié de la population est kurde, représente environ le quart de la Syrie. Après avoir repris ce territoire aux djihadistes de Daech, les Kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS) étaient parvenus à y créer un embryon d’Etat, doté d’une administration autonome. Les Kurdes constituent un peuple sans Etat, répartis entre Turquie, Syrie, Irak et Iran, où leurs droits sont souvent bafoués. Depuis 2016, la Turquie a mené trois opérations militaires en Syrie, afin de repousser les Kurdes de sa frontière. En effet, la Turquie fait face à une insurrection de sa propre minorité kurde. La création d’un territoire kurde autonome à sa frontière sud représente donc pour elle une menace.

En octobre dernier, la Turquie mène l’Opération Source de paix à l’Est de l’Euphrate. Cette offensive suscite la crainte d’une résurgence de Daech, notamment par l’évasion de prisonniers détenus par les Kurdes. Lâchés par leurs alliés occidentaux, les Kurdes trouvent un accord avec le régime de Damas. Ils considèrent ce dernier comme un moindre mal face à la Turquie. Cet accord permet à Bachar el-Assad et à la Russie de déployer des hommes dans des zones jusqu’alors maîtrisées par les FDS.

L’offensive turque a donc permis au régime d’avancer encore davantage dans la reconquête de son territoire. Elle prend fin sous la pression américaine, et grâce à un nouvel accord russo-turc sur le retrait partiel des combattants kurdes. L’existence d’une province kurde autonome semble de plus en plus compromise. Le Nord-Est syrien représente par ailleurs un enjeu stratégique important par ses ressources. Avant la guerre, la région fournissait 380 000 barils de pétrole brut par jour, soit le tiers de la production nationale.

Le Comité constitutionnel

En décembre 2015, la résolution 2254 des Nations unies prévoyait un plan de règlement du conflit en trois étapes : mise en place d’une nouvelle gouvernance, réforme constitutionnelle et tenue d’élections libres. Grâce aux succès militaires obtenus par le régime et ses alliés russes et iraniens, Moscou impose cependant de passer directement à la deuxième étape. Fin septembre, l’ONU annonce donc la création d’un Comité chargé d’amender la Constitution syrienne de 2012, ou d’en rédiger une nouvelle.

Ce Comité s’est réuni pour la première fois au siège des Nations unies à Genève, le 30 octobre. Il réunit 150 délégués : 50 pour le régime, 50 pour l’opposition et 50 pour la société civile. Les représentants de la société civile ont été choisis par l’ONU. Les décisions doivent être adoptées à 75% des voix, rendant les avancées difficiles. Le 20 novembre, Geir Pedersen, émissaire de l’ONU pour la Syrie, faisait part de sa frustration face à la difficulté à trouver des points de consensus entre les acteurs. La guerre en  Syrie, qui a déjà causé la mort de plus de 370 000 personnes, semble donc encore loin de pouvoir connaître une issue politique.

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Edgar VAUQUELIN

Edgar Vauquelin est diplômé d'un Master 2 en science politique à l'IEP d'Aix-en-Provence. Il s'intéresse aux questions politiques et sécuritaires inhérentes au Moyen-Orient.

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